Les premières lueurs du matin apparurent sur la petite ville de Gludin. Nous avions festoyé toute la nuit et raconté toutes nos aventures et nos histoires de cape et d'épée. Après une nuit bien remplie, tout le monde sortait peu à peu de la taverne et la place du marché commençait à rassembler de plus en plus de personnes. Des humains, des nains, des elfes, des elfes noirs, sans oublier quelques orques, la plupart étaient venus en ce jour.
A l’ouest se trouvait les quais, tel fut notre destination. Forte heureusement, la plage n’était pas très loin de la ville et vu l’état de certain, il valait mieux.
Après quelques minutes d’attentes, et quelques bonnes prises d’un orque spécialisé dans la pêche, le bateau pour talking island arrivait au port. Les matelots s’efforçaient de plier les voiles pendant que d’autres trouver leur labeur à lancer l’ancre dans l’eau.
Les jeunes apprentis guerrier et magicien humain descendaient chacun leur tour de l’embarcation. Les terres d’Aden accueillaient de nouvelles recrues prêtes au combat, mais il faudra bien du temps et des combats pour que leurs expériences arrivent à notre niveau. Nos regards se croisèrent avec de l’étonnement dans leurs yeux. Peut être devaient-ils se dire mais pourquoi des combattants si puissants se trouvent-ils ici. Leur question restera sans doute sans réponse.
Le capitaine du navire pris la peine de sortir de sa cabine. Il lança un juron à son équipage, comme à l’accoutumée, ce qui ne fit pâlir aucun des moussaillons. Les tempêtes doivent sûrement durcir le cœur des navigateurs.
Du plus profond de la cale on entendait des railleries, une elfe semblait ne pas pouvoir sortir sa licorne du bateau, ce splendide animal avait le mal de mer et un retour sur terre serait préconisé le plus rapidement. Une des naines de notre groupe monta sur le pont du navire, elle regarda la licorne et lui botta les fesses d’une façon très étrange. Les nains ont toujours des techniques de combat très étranges de toute manière. Quelques instants après, on entendait les fers des sabots de la licorne sur le plancher du quai avec une jolie marque, que dis-je une jolie petite marque sur l’arrière train du cheval corné.
Le capitaine, tout en remontant son pantalon, lança un nouveau juron, à croire que cela devait être le sport national dans son pays natal. Il scruta notre groupe et plus particulièrement notre chef. Intrigué de voir une femelle orque si robuste et semble t-il bien à son goût, il descendit sur le plancher des vaches et tituba en loupant la marche qui séparait son navire au quai. Il s’étala royalement aux pieds de notre chef. Celle-ci le regarda sans broncher puis souleva un sourcil lourd de sens.
Le vieux marin repris ses esprits, se releva, et remonta dans le navire quelque peu énervé.
Le départ fût annoncé pour dans quelques minutes, toutes les personnes souhaitant rejoindre talking island, devaient monter à bord. A ce moment précis une seule personne du groupe avança, une belle guerrière aux cheveux blonds accompagné d’un félin, une panthère avec un pelage noir très noir qui luisait presque au soleil. Elle salua et remercia chacun des membres du groupe qui le lui rendît de la plus belle manière.
Etant cette guerrière, je savais ce que tout le monde ressentait, de nombreux liens unissent les guerriers lorsque leur vie est en danger et très souvent ces liens sont très forts.
C’est alors que l’embarcation commença sa route vers l’île. Je saluais une dernière fois mes compagnons de route, ceux avec qui j’avais partagé tant de chose.
Le rivage s’éloignait peu à peu et ils avaient tous la taille de nain à présent, sauf les nains bien sur, qui eux étaient encore plus petits. Le chef de meute de part son grand charisme, rassembla ses troupes puis ils s’éloignèrent pour poursuivre leurs occupations.
La côte avait disparu, c’est à peine si on la voyait au loin. Le voyage pour talking island commençait et la mer était calme, comme si, comme si les dieux avaient voulut que ma dernière traversée en mer soit des plus paisibles. C’était leur façon à eux de me remercier des services rendus durant tout ce temps car il faut dire que la chasse aux monstres n’est pas de tout repos.
J’aperçus enfin le phare de l’île, puis ensuite le quai. J’étais de retour sur mon lieu de naissance. Il ne me restait plus qu’un petit parcours à pied pour rejoindre le village de mes ancêtres et rentrer chez moi enfin.
Ma demeure était restée intacte, quoique, entre temps les mauvaises herbes avaient poussé. J’ouvris la porte, celle-ci grincé horriblement et me faisait penser aux grincements de dents d’une elfe archère de notre groupe lorsqu’elle dormait au clair de lune. Je refermais la porte derrière moi dans un doux chant de gond rouillé. Je pouvais à présent enlever mon équipement durement acquis durant ce périple. J’avais mis une tenue plus appropriée à ma nouvelle vie dans le village, mais avant de ranger mes affaires, je pris soin de les nettoyer. L’armure en zubei était toujours étincelante malgré les coups qu’elle avait reçue, même le tissu, alléchant pour certain de mes frères d’armes, avait toujours sa couleur d’origine. Les gants, les bottes et le bouclier rouge, tout était nettoyé et rangé dans un coffre que j’avais trouvé à l’époque d’une chasse au trésor pour le moins pas très lucrative.
Il restait encore de la place dans le coffre suffisamment pour y mettre l’épée qui m’avait servie fidèlement. Puis je refermais la boîte en fer, une nouvelle vie se présentait devant moi, mais plus une vie de guerrier...